Patmos
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Gamètes, une présentation
par Stéphane Ghesquière
Ce roman est le récit d'une passion amoureuse entre un homme et une femme dans les années quatre-vingt. En résumant ainsi l'histoire et le genre, nous avons tout dit et nous n'avons rien dit.
Commençons par rappeler que tout artiste est le sismographe d'une époque, d'une société, voire de l'humanité. Il les perçoit, les ressent vite et plus finement que ses contemporains. Par son art d'élection il restitue leurs tremblements, lignes de failles, dangers mais aussi beautés, souvent leurs clair-obscurs, parfois avec un talent ébouriffant.
Mais l'artiste spirituel œuvre à transmettre des perceptions moins horizontales. Plus hautes, subtiles et d'un certain point de vue plus exigeantes. Il ne fait donc pas comme l'immense majorité de la profession, il ne manœuvre pas le Verbe dans le but de transformer le plomb du quotidien en or du quotidien ; il ne se contente pas d'affiner les émotions communes avec sagacité. Il ne se met pas seulement les yeux en face de l'intellect, du cœur et des tripes avant de prendre la plume, il va prendre une part de son inspiration plus haut. A une hauteur que l'air du temps partage rarement. Dès les premières pages du roman de Marc D'Angelo, l'Esprit - le Divin – est mis à l'honneur. Cette approche mystique assumée s'intègre avec naturel au récit de cette passion entre un jeune homme et une jeune femme. La passion amoureuse règne, pour ainsi dire classique, elle nous est relatée avec ses péripéties du cœur, ses joies et déchirements, nous suivons son évolution mais elle reste placée sous le regard de l'Esprit. Sous son jugement ? celui d'une opinion religieuse ?...certes, on ne saurait en appeler à la spiritualité sans qu'un jugement de valeur sur les mœurs des hommes en ce monde soit peu ou prou convoqué. Mais à hauteur suffisamment noble, comme c'est le cas ici, il n'est pas de sourcil froncé surplombant la vie de la chair, surplombant cette histoire de déchirement amoureux. Celui qui craindrait que ce roman soit le cheval de Troie de quelque moralisme pâle, voire de quelque catholicisme mal assumé peut se rassurer. Avec Gamètes, nous sommes très loin du rigorisme. Dieu ou L'Esprit, tel que le perçoit l'auteur, est Amour absolu, il est solaire, il ne peut que donner, éclairer et réchauffer la terre comme l'âme des hommes. Il ne met pas en accusation les autres amours, pas même le plus petit d'entre eux qui n'est que crainte et manque perpétuel, qui est justement celui qui creuse le cœur des personnages principaux et le distance entre leurs corps. Ce grand Amour qui est l'amour authentiquement spirituel, unifiant, le seul, finalement, susceptible de combler ce vide intérieur, suit le personnage principal à pas d'ange. Et ce jeune homme en a la connaissance, cherchant au sein de son chaos émotionnel à toujours mieux le comprendre et l'accepter...... il fait ses gammes de spiritualiste...
Avec le roman Gamètes, Marc D'Angelo nous invite à assister au dialogue du profane et du sacré, de la passion sentimentale et de l'Amour au sens spirituel. Un dialogue constant, profond, qui s'avère fécond tant sur le plan humain que littéraire...et ajoutons suffisamment ouvert, généreux, pour inclure à point nommé l'humour.
Merveilleusement écrit, Gamètes aborde l'amour en toutes ses expressions humaines possibles, passion physique, sentimentale, amitié, amour filial, et amour divin. C'est aussi large que cela et c'est la raison pour laquelle nous pensons cette oeuvre importante. Et c'est la raison pour laquelle nous gageons que beaucoup de chercheurs spirituels, qu'importe leur école de pensée, verront dans le for intérieur du personnage principal un miroir du leur.