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La gravité comme voie (extrait)

Équilibre et pesanteur

 

   Notre aptitude plus ou moins grande à vivre la gravité, à peser constamment de tout notre poids, découle, pour une part et inévitablement, de notre constitution et de notre condition : nous ne sommes pas anatomiquement bâtis comme de parfaits modèles de stabilité, et nous avons, par ailleurs, conformément à notre nature humaine, vocation à nous mouvoir. Ainsi sommes-nous promis, en raison de cette double spécificité, au déséquilibre. Quel est le plus parfait modèle de stabilité ? Sans doute la pyramide, parfait véhicule de la gravité, par sa forme et son immobilité. Sa vocation, radicalement différente de la nôtre, est d'être immuable. Nul besoin d'un "esprit" pour encourager ou déterminer, en elle et à travers elle, par une intervention consciente et orientée, la manifestation impeccable de la pesanteur. Chez l'homme, la gravité doit être "gérée"[1]. Pour qu'il assume son poids dans le mouvement, il faut que sa conscience intervienne ; et, pour peser dans l'action s'il veut épouser la gravité comme voie, il est obligé de rechercher (ou de conserver) l'équilibre. On peut dire que l'application (ou la conservation) de la "pesanteur consciente" et la recherche (ou le maintien) de l'équilibre ne font qu'un.

   Relevons certains rapports entre ces considérations et le signe astrologique de la Balance. La balance est un instrument nécessitant une pesanteur, deux poids et un axe central ; de part et d'autre de cet axe, les deux poids ou leurs supports (les deux "termes" de la balance) peuvent se positionner et peuvent être assujettis. En astrologie, la Balance est régie par Vénus, planète de l'amour, et par Saturne, planète de la sagesse. A chaque planète correspond un métal : pour Saturne, c'est le plomb, métal lourd par excellence ou symbole de lourdeur. Saturne, considérée comme planète de la sagesse, représente, dans cette optique, la philosophie profonde - non pas la philosophie purement intellectuelle, qui construit des systèmes, les uns après les autres, et ne cesse de "tourner autour du pot" (comme une planète en orbite autour d'un centre de gravité qu'elle ne rejoindrait jamais si la pesanteur ne produisait pas ses effets), mais la "philosophie philosophale", si l'on peut dire, qui nous invite à nous absorber dans la gravité pour trouver, au centre de la Terre, la "Pierre cachée" selon la célèbre formule V.I.T.R.I.O.L : Visita Interiora Terrae Rerum Invenies Occultum Lapidem : "Visite l'intérieur de la Terre en rectifiant tu trouves la Pierre cachée." Par ce travail alchimique d'intériorisation-absorption, s'opère la transmutation du plomb en or, du poids-matière en centre-esprit. Dans la double maîtrise de la Balance, on retrouve donc l'association de l'amour (Vénus) et de la gravité (Saturne).

   Le passage du samedi, jour de Saturne, au dimanche, jour du Soleil, c'est le passage du plomb à l'or. Le samedi prépare le dimanche : quand on a tout préparé, le samedi, au lendemain du vendredi (jour de Vénus), par la philosophie saturnienne, par la gravité, on arrive au dimanche, au Soleil, à l'Amour central (ou au centre de l'Amour). On peut y voir une raison profonde du congé dominical : le "jour du Seigneur", jour du Soleil, où l'on accède après – et par - le travail de la semaine, on ne travaille plus, puisqu'on est au Centre ; l'Être est trouvé, il n'y a plus à faire pour l'atteindre.

 

[1] Cette "gestion" de la gravité comprendra : son acceptation ou son activation, son maintien, sa conscientisation, son ressenti, son usage.

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